Ce que veulent les jeunes 

Et si l’élection présidentielle était l’occasion d’un rendez-vous entre la France et sa jeunesse ? S’il fallait en finir avec les malentendus entre un pays vieillissant et une génération qui a des choses à dire, mais ne sait pas toujours comment les exprimer ? S’il était temps de se parler, d’égal à égal, sérieusement et sans tabou ? Si cette élection représentait une double opportunité, celle d’entendre la voix des jeunes et celle de nouer une relation nouvelle entre la politique et la jeunesse du pays ?

Jeune, qui es-tu ?

Depuis la crise sanitaire, on dirait que la France a redécouvert ses jeunes. Les moins de 30 ans avaient pourtant déjà frappé aux portes du débat public, exhortant leurs aînés à prendre leurs responsabilités pour sauver la planète. Mais les confinements successifs ont attiré une lumière plus crue sur les jeunes et leurs défis. Coupés de leurs projets, éloignés de l’école, victimes de situations de précarité, aux prises avec une profonde détresse psychologique, les jeunes Français ont subi et subissent encore les conséquences de la crise. 

Dans un sondage de janvier 2021, « 80 % des étudiants déclaraient être inquiets des difficultés qu’ils allaient rencontrer pour mener à bien leurs études. » Sondage ODOXA des 18 et 19 janvier 2021 « Covid-19 : les jeunes ne voient pas le bout du tunnel ».

Dans le même temps, la France découvre à quel point ses jeunes se désintéressent de la démocratie et désertent les urnes. Le « monde adulte » se penche alors sur la psyché d’une jeunesse qui semble lui filer entre les doigts. Qui est-elle, d’où vient-elle, que veut-elle ? Le pays s’interroge, veut comprendre les raisons d’une potentielle fracture intergénérationnelle, sonde cette jeunesse dont on n’a jamais fini de se demander s’il en existe une ou plusieurs. Les jeunes des années 2020, désenchantés, biberonnés aux réseaux sociaux, touchés par l’éco-anxiété, seraient-ils par ailleurs les premiers depuis mai 68 à faire sécession avec leurs parents et grands-parents ?

Idéalistes et réalistes

Ainsi s’instaure ce paradoxe : des jeunes bardés de capteurs, sondés, évoqués de toute part, sans qu’on parvienne à entendre leurs voix et sans que les politiques cherchent à susciter leur intérêt de long terme. Dans la campagne présidentielle, à quoi bon s’intéresser aux jeunes si ceux-ci ne prennent même plus la peine de voter ?

Chez Chemins d’avenirs, nous avons fait le choix de donner la parole aux jeunes dans cette période pré-électorale. À travers Des candidats et des jeunes, un événement imaginé en partenariat avec France Inter, qui permet à 100 jeunes issus de toute la France et de tous les horizons d’interroger les candidats ce 22 février 2022. Et à travers un travail collectif autour de propositions pragmatiques et ambitieuses, issues du terrain, pour renouer le dialogue entre la jeunesse et le pays. 

Car les jeunes n’ont pas abdiqué. À leurs côtés, partout en France, une armée de l’ombre œuvre chaque jour pour les aider à améliorer leurs chances de départ. Restaurer leur confiance lorsque celle-ci est en berne. Favoriser leur accès à la culture et au sport. Leur permettre de s’engager, d’entreprendre. Rompre avec les déterminismes sociaux, géographiques ou de genre qui limitent leur potentiel. Lutter, avec eux, contre les discriminations qui entravent leur futur. 

Ce qui nous lie

Parce que l’élection cristallise les interrogations qu’un pays se pose à lui-même et qu’il est grand temps de dépasser les clichés concernant une jeunesse irresponsable ou sacrifiée, nous, acteurs de terrain, avons décidé de proposer un contrat entre la jeunesse de France et le ou la futur(e) Président(e) de la République.

Un contrat n’est pas un simple manifeste. C’est un pacte signé entre deux parties également responsables. Un document à la fois politique et moral. Un acte de maturité, en somme, que les jeunes proposent ici aux moins jeunes. Un contrat qui donne le ton, la direction et les ambitions partagées par une jeunesse exigeante, plus mobilisée qu’on ne veut bien le croire.

Les 12 propositions que nous présentons sont le fruit d’une collaboration inédite entre une trentaine de structures de l’économie sociale et solidaire ayant décidé d’unir leurs forces pour parvenir à une synthèse claire, immédiatement activable, destinée aux candidats à l’élection présidentielle. Transpartisanes, ces propositions ont pour objectif d’être applicables à chaque jeune. Elles émanent de structures qui n’ont qu’une boussole : agir pour l’intérêt général en faveur de la jeunesse du pays. La replacer au centre du débat. Ouvrir avec elle les portes de l’avenir.

On ne trouvera pas dans ces propositions les éternels marronniers d’une supposée « pensée jeune ». C’est ailleurs que nous avons souhaité porter le fer. Sur la mobilité sociale et géographique, la santé préventive, la formation, l’engagement citoyen, la diversité, l’égalité des chances. Autant de thématiques qui gagnent à être inscrites dans le réel et le sont encore trop peu. 

Nos structures, chacune à leur manière, actionnent ces leviers d’émancipation des jeunes, au quotidien et au plus près de leurs réalités. Elles le font auprès de plus de 3 millions d’entre eux. C’est de cette expérience commune qu’est né ce contrat – et de la conviction qu’il y a urgence à agir, pour les jeunes de demain certes, mais aussi pour ceux d’aujourd’hui.

La paix des braves

Candidates, candidats ! Vous avez l’impression que la jeunesse vous échappe, happée par le métavers, galvanisée par Greta Thunberg ou Kylian Mbappé ? Vous vous dites que le vote jeune n’est pas rentable ? Vous ne voulez pas être de ceux qui observent la fracture générationnelle sans la comprendre, mais de ceux qui agissent pour la combattre ? En signant ce contrat, nous vous proposons une paix des braves. En le signant, vous restaurez la confiance entre des générations qui se méfient trop souvent les unes des autres. Vous faites la démonstration de l’attention que vous portez aux jeunes générations. Sans procès d’intention, sans condescendance, sans apitoiement. Mais avec une grande et noble détermination.

Dès aujourd’hui, nous attendons vos signatures.

Découvrez les propositions